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La toute première fois où je me suis intéressé à l’hypnose, c’était il y a plus de 10 ans. Mes premières réactions furent la méfiance peut-être même une sorte d’angoisse ou de peur larvée face aux dangers de l’hypnose. Comment était-il possible qu’on ‘soigne’ avec l’hypnose alors que je voyais des spectacles avec une grande audience et des spectateurs qui en ressortaient joyeux alors que pourtant, qu’avaient-ils bien pu voir ? Leur voisin monter sur scène et faire le canard. Une autre personne se courber sur une ‘air guitar’ et se prendre pour Jimi Hendrix.

Les dangers de l’hypnose : d’abord bien différencier hypnose de spectacle et hypnose thérapeutique

Alors j’ai décidé de me renseigner pour en savoir davantage, j’ai lu. Puis, rassuré et porté parce que j’apprenais je me suis formé. A l’hypnose Ericksonienne tout d’abord, du nom de son créateur Milton Erickson dont on dit qu’il a révolutionné l’hypnose. C’est l’hypnose pratiquée le plus souvent et à peu près partout dans le monde. Issue directement des travaux Jean-Martin Charcot et Sigmun Freud son élève, qui utilisaient l’hypnose dite classique.

C’est en suivant les enseignements des écoles de Paris et de Nancy que M. Erickson a choisi la voie de l’hypnose permissive (qui ‘donne la permission’ ou ‘laisse la permission’). Une fois formé, certifié, je suis devenu ‘personne ressource’ pour une quinzaine de sessions de formations alors qu’en même temps j’ai pratiqué en séances en recevant du public.

Puis j’ai voulu mieux comprendre et je me suis formé à l’hypnose rapide (drôle de qualificatif car en fait il s’agit de l’hypnose de spectacle qui ne veux pas dire son nom). Dès lors j’ai su identifier les différences fondamentales qui existent entre les spectacles (appelés abusivement « hypnose de spectacle ») et l’hypnose thérapeutique. J’ai mieux intégré les vrais dangers de l’hypnose, ou plutôt les risques induits par sa pratique, dans le cadre des spectacles. La confusion, orchestrée volontairement, qui vous fait croire que c’est « la même chose ».

Alors, j’ai eu envie de vous apporter de la clarté et de la compréhension afin que toute ambiguïté disparaisse entre les jeux dangereux proposés par les « hypnotiseurs de spectacles » et les apports essentiels de « hypnothérapeutes ». Qu’est-ce qui vous fait peur ? Je formule votre réserve sous la forme de 5 questions…et j’y apporte mes réponses qui je l’espère vous aideront à mieux comprendre la pratique de l’hypnose thérapeutique et faire le point sur les dangers de l’hypnose.

Y a-t-il un risque d’être manipulé (perdre le contrôle) pendant une séance d’hypnose ?

NON ! L’hypnose thérapeutique n’est pas de la manipulation contrairement, justement, à l’hypnose de spectacle.

Je prends souvent l’exemple de la personne qui conduit sa voiture et qui « sans s’en rendre compte » arrive chez elle…bien sûr elle prend peur à l’idée de s’être endormie…« mon dieu comment ai-je pu arriver là ? »…« j’ai dû écraser quelqu’un et je ne m’en suis pas rendu compte »…

Et bien non, elle n’a écraser personne et d’ailleurs aidons là à se poser cette question : « dites moi, votre voiture tourne le volant toute seule, accélère toute seule, freine toute seule ? », bien sur que non, c’est bien cette personne qui conduisait. Plus justement c’est bien une partie d’elle qui conduisait et qui est arrivée à bon port sans encombres. On appelle cette partie le conscient. En revanche, une autre partie d’elle, appelée l’inconscient, avait choisi de ‘faire un rêve ou une balade’ tout en laissant le conscient s’occuper de rentrer à la maison.

Je prends cet exemple car il répond à la question de la manipulation : comment le conscient pourrait-il se laisser manipuler alors qu’il est au volant ? Ce n’est tout simplement pas possible parce que le conscient ne perd jamais le contrôle. Il tourne le volant. Il freine lorsque c’est nécessaire. Il accélère pour avancer. Et rien ni personne ne pourra lui faire faire une chose avec laquelle il n’est pas d’accord.

C’est exactement la même chose pendant la séance, dans un fauteuil confortable. Aucun hypnothérapeute ne pourra vous faire faire une chose avec laquelle vous n’êtes pas d’accord…

Mais attention, l’inverse est aussi vrai : si vous êtes d’accord, si vous le souhaitez, alors le manipulateur pourra vous entraîner sur des pentes ridicules si ce n’est dangereuses malheureusement. Et oui, lorsque vous décidez d’aller au spectacle, par défaut vous donnez votre assentiment, c’est comme si vous vous disiez « je sais que je peux être invité à monter sur scène, mais j’y vais quand même » ce qui revient à dire oui. Je reviendrai dans un autre post sur les dangers de l’hypnose de spectacle.

Y a-t-il un risque de révéler des informations sensibles pendant une hypnose ?

On entend souvent parler de termes qui font peur. Par exemple « transe » ou « transe hypnotique ». Bien sûr, pour vous comme pour moi, le mot transe fait référence à des images peu rassurantes : courir pieds nus sur des braises, des yeux révulsés, des cris ou que sais-je encore. Heureusement il n’en ai rien ! Imaginez un seul instant un anesthésiste en plein bloc opératoire qui fasse danser son patient sur des braises…

C’est seulement un abus de langage de notre part, à nous hypnothérapeutes. Le vrai terme que nous devrions employer est « état modifié de conscience ». Mais nous aussi sommes un peu fainéants, « transe » est bien plus court !

Mais « état modifié de conscience » est-il plus rassurant ? Sans explication je ne le crois pas. Qu’est-ce que cela veut dire ? Et c’est en rapport direct avec la croyance que nous pouvons révéler des informations sensibles, intimes, durant la séance d’hypnose.

Encore une fois, comprenez qu’en hypnose nous considérons que nous sommes constitués de 2 grandes parties : le conscient et l’inconscient. Le conscient c’est la partie visible, votre élan, votre motivation, vos actions. L’inconscient, par définition invisible, ce sont tous vos automatismes (battements de cœur, respiration, circulations,…) et toutes les réactions liées à votre vie, à ce qui vous arrive, qui vont générées des comportements pour vous faciliter la vie, justement. Par exemple : vous avez reçu une et une seul gifle dans votre vie d’enfant mais ce fut un tel traumatisme qu’adulte rien qu’à l’idée de savoir ou voir un enfant pleurer vous répugne et vous plonge dans une sourde colère.

Comme nous nous heurtons à cette difficulté que votre inconscient n’est pas visible, hormis lorsque vous rêver car c’est le seul moment où il vous envoie des messages directs (encore faut-il savoir les interpréter et je vous conseille de voir un spécialiste de l’interprétation des rêves si vous en avez l’envie) nous utilisons l’hypnose pour entamer un dialogue avec votre inconscient. Dans ce cas, il fait préalablement que nous ayons pris soin de mettre votre conscient en ‘veille’ afin de nous retrouver, un peu comme dans votre voiture, avec une partie (le conscient) qui conduit en mode automatique et qui laisse alors le libre accès à votre autre partie (l’inconscient).

C’est ce que l’on appelle l’« état modifié de conscience » que l’on résume sous le terme de « transe » ou « transe hypnotique ».

Vous comprenez que nous sommes toujours dans la même situation : rien ni personne ne peut nous faire faire une chose que nous ne voulons pas. Donc, rassurez vous, vos secrets, votre intimité resterons là où vous souhaitez qu’ils restent.

Y a-t-il un risque d’accentuer une douleur ou un problème au lieu de le résoudre ?

La douleur est un sujet très spécifique. En effet, oui l’hypnose est un outil formidable pour retirer la sensation de douleur, où qu’elle soit, quelle qu’elle soit. Je reprends ici l’image de la salle d’opération : une des grandes avancées de l’utilisation de l’hypnose thérapeutique en salle d’opération est bien d’alléger considérablement l’utilisation des anesthésiques et analgésiques, autrement appelés anti-douleur.

Donc si nous n’y prenons pas garde nous pourrions retirer une douleur qui a valeur de signal : un mal au ventre, un coude qui fait mal, un mal de tête…

Il faut donc comprendre qu’un hypnothérapeute ne travaillera sur une douleur que si celle-ci a été diagnostiquée préalablement par la médecine conventionnelle ET qu’atténuer cette douleur ne risque en rien d’occasionner une accentuation du problème responsable de la douleur. Un (contre) exemple : un joueur de tennis qui vient pour atténuer une douleur au coude alors qu’il a un début de tendinite non diagnostiquée. Bien sûr cette douleur est atténuable, voire elle peut disparaître…jusqu’au prochain match ! Car la tendinite, elle, est toujours présente. On imagine facilement les dégâts supplémentaires que cela provoquerait…fini le tennis et pour longtemps !

Donc avant toute démarche vers un hypnothérapeute au sujet d’une douleur, il faut prendre le temps d’en diagnostiquer la raison et voir avec votre médecin traitant : si vous avez le choix entre de multiples cachets paracétamol et une ou quelques séances d’hypnose…allez vers la solution qui vous semble la plus appropriée pour vous.

De façon plus générale, y a-t-il un quelconque danger à suivre une séance d’hypnose ?

Il y a bien sûr des précautions et des limites que je qualifierais d’évidentes. Pour les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées.

Attention : tout à chacun peut faire une séance d’hypnose, jeune ou moins jeune, ce dont je parle ici c’est du contenu de la séance d’hypnose. Pour les femmes enceintes il y a même des protocoles spécifiques qui ont été établis par des sages-femmes expérimentées : maternité, préparation à l’accouchement, préparation à la parentalité, intégration du père…

Si on espère travailler avec un jeune enfant sur un traumatisme par exemple, l’hypnothérapeute devra travailler avec une hypnose profonde, une « transe profonde », sans quoi l’enfant risque fort de revivre sans cesse l’expérience terrifiante.

Il y a donc des précautions à prendre dont la plus juste : vérifier que vous demander l’intervention d’un hypnothérapeute compétent, formé, expérimenté pour votre cas. J’y reviendrai plus loin.

Mais encore une fois, comprenez, entendez, que jamais le praticien ne vous fera faire une chose que vous ne voulez pas. Il ne le peut tout simplement pas. Le contenu de la séance, le travail effectué, se fait toujours en accord avec vous.

L’hypnose peut-elle modifier ma personnalité sans que je le veuille ?

Nous touchons ici au cœur de l’hypnose, non seulement au sens qu’elle peut avoir mais aussi à la manière dont elle est pratiquée.

Si vous avez envie de vous relaxer, de vous sentir détendu(e), d’apprivoiser votre propre lâcher prise, il n’y a pas d’enjeux ici et vous ressortirez de votre séance d’hypnose avec le goût d’une expérience réussie et efficace.

La question quant à l’impact sur la personnalité voit le jour lorsque vous demandez de l’aide sur un sujet plus personnel, intime, qui met peut-être en jeu vos secrets. Par exemple perte de confiance en soi, peur liée à un accident de vie, phobie, difficultés de vie, perte de toute personnalité devant un groupe ou le sexe opposé, pas ou plus d’estime de soi ou de l’autre… Dans ces cas, le praticien en hypnose Ericksonienne se doit d’avoir une vision globale de votre histoire comme de votre personnalité car ce sera dans ces registres qu’il devra créé un échange avec votre inconscient et lui proposer de mettre une autre stratégie, un autre comportement en place pour soutenir votre difficulté.

Mais attention, jamais un hypnothérapeute ne formulera explicitement de quel comportement ou stratégie il s’agit. Jamais. Il laissera libre court à votre inconscient pour qu’il fasse le meilleur choix pour vous. L’hypnothérapeute ne vous connaît que très peu, votre inconscient lui vous connaît par cœur. Alors utilisons les compétences de chacun pour établir le meilleur scénario de retour à la joie de vivre !

Question Bonus : comment être sûr qu’un hypnothérapeute est compétent ?

Renseignez vous sur la formation initiale du praticien.

A-t-il suivi une formation de Praticien en hypnose Ericksonienne (donc complète) ou simplement une formation en « hypnose ‘au nom miraculeux’ » (où ‘au nom miraculeux’ prend bien de formes marketing, malheureusement réductrices).

A-t-il de l’expérience ?

Parle-t-il de ses connaissance et des sujets où il aurait une compétence particulière : l’hypnose intervient sur un champs d’applications tellement vaste que parfois certains hypnothérapeutes choisissent quelques domaines d’intervention (sport de haut niveau, addictions, peurs et phobies…) et s’y consacrent totalement.

Enfin, est-il adhérent à un syndicat professionnel qui s’assure de la qualité des formations réalisées ainsi que du suivi de la compétence du praticien, dans le respect de la déontologie édictée par Milton Erickson lui-même.

Mais surtout faites vous confiance ! Posez lui des questions, écoutez bien les réponses et n’accordez votre confiance que si vous vous sentez en accord. Un dernier exemple : fuyez les hypnothérapeutes qui vous soutiendront qu’ils résoudront votre problème en une seule séance… Un hypnothérapeute compétent n’est pas un magicien ! Ainsi vous comprenez à présent les vrais enjeux liés aux dangers de l’hypnose.